lundi 29 juillet 2013

Anapanasati_1

Anapanasati_1

ānāpānassati: [ānāpāna+sati] présence de l'esprit sur l'inspiration et l'expiration, attention portée à la respiration. La pratique d'ānāpānassati est décrite en détail par le Bouddha dans l'Ānāpānassati Sutta. Voir également une analyse de ces instructions standard ici. Il est souvent dit que développer et pratiquer assidûment ānāpānassati est très fructueux et profitable ('ānāpānassati bhāvanā bhāvitā bahulī·katā maha·pphalā hoti mah·ānisasā'). Ainsi, ānāpānassati est recommandée pour un large panel d'objectifs:
à AN 6.115 pour l'abandon de cetaso vikkhepa (dérangement mental).
à AN 9.1 pour atteindre vitakk·upaccheda (arrêt des pensées).
à MN 62 pour devenir présent d'esprit même lors de son dernier souffle.
à SN 54.9 pour se rafraîchir et faire disparaître tout akusala dhamma qui ait pu apparaître.
à MN 118 comme un moyen de pratiquer les satipaṭṭhānas.
à SN 54.2, comme un moyen de développer les sept bojjhagas.
à SN 54.8, pour un large panel d'objectifs: pour empêcher que le corps ou les yeux ne se fatiguent (neva me kāyo kilameyya na cakkhūni), pour abandonner les souvenirs et les intentions liées à la vie de foyer (ye me gehasitā sarasakappā te pahīyeyyu), pour diverses pratiques asubha, pour atteindre les huit jhānas, pour atteindre la cessation de saññā et vedanā (saññā·vedayita·nirodha), et pour la compréhension complète de vedanā.
Il est expliqué à SN 54.11 qu'ānāpānassati·samādhi est ce que le Bouddha pratique généralement durant sa retraite de vassa, qu'ānāpānassati·samādhi est un séjour noble (ariya·vihāra), un séjour brahmique (brahma·vihāra), un séjour deTathāgata (tathāgata·vihāra). Pour les apprenants (sekha), elle mène à la destruction des āsavas. Pour les arahants, elle procure une vie agréable, ainsi que sati·sampajañña.
Il est également déclaré à SN 54.4 que la pratique d'ānāpānassati mène soit à aññā, soit à anāgāmitā dans cette même vie, pour ceux qui pratiquent assez sérieusement.



mercredi 17 juillet 2013

Instructions Vipassana -3- Méthode Mahasi Sayadaw

Instructions Vipassana -3- Méthode Mahasi Sayadaw

Pour la marche.

Lorsque nous marchons, nous pouvons constater qu’il y a un mouvement à la fois très facile à percevoir et toujours présent. Il s’agit du mouvement de chaque pied lorsqu’il effectue un pas. Ainsi, quand il n’y a pas d’objet particulier qui vient faire intrusion pendant que nous marchons, fixons toute notre attention sur le mouvement effectué par les pieds.
Pour observer correctement cet objet, focalisons bien notre attention sur ce mouvement dans toute sa durée ; et non pas sur le pied, qui n’est qu’un concept. Observons bien ce mouvement dès que le pied décolle du sol, durant toute sa trajectoire, jusqu’à ce qu’il se pose sur le sol. À cet instant, nous passons immédiatement au mouvement de l’autre pied, et ainsi de suite.
À l’instar de nos moindres gestes, nos pas doivent être toujours très lents. Dans les rares cas où nous devons marcher selon un rythme légèrement plus rapide ( avancement en file, fait de se rendre vers un endroit un peu éloigné...), nous observons le mouvement de chacun de nos pas en une phase. Autrement, observons ce mouvement selon trois phases par pas : la phase de lever, la phase d’avancement, et la phase d’abaissement du pied.

Pour l’assise.

Lorsque nous sommes assis, nous demeurons immobiles. Néanmoins, nous pouvons constater qu’il y a au sein du corps, quelques mouvements plus ou moins clairs à percevoir. L’inspiration engendre un gonflement de l’abdomen et l’expiration un dégonflement. Ce mouvement de gonflement et de dégonflement est le plus distinct et de plus, toujours présent ; il est donc celui qui se prête le mieux pour être l’objet « par défaut » pendant l’assise. Ainsi, lorsqu ‘il n’y a pas d’objet particulier lorsque nous sommes assis, fixons toute notre attention sur le mouvement effectué par l’abdomen.
Pour observer correctement cet objet, focalisons bien notre attention sur ce mouvement de gonflement pendant toute sa durée ; et non pas sur l’abdomen, qui n’est qu’un concept. Observons bien ce mouvement depuis son début, pendant toute sa durée, jusqu’à sa fin, puis à l’identique pour le dégonflement. Certaines personnes distinguent mieux ce mouvement au niveau du thorax. Peu importe, ce qui compte est de l’observer là où nous le percevons le plus clairement.

Les 3 règles d’or.

Si les 3 facteurs essentiels au succès d’une retraite vipassana sont la patience, l’attention et la persévérance, il existe 3 règles d’or à observer en permanence si nous souhaitons développer la vision directe dans la réalité sans être freinés par des obstacles grossiers faciles à éviter. Ces 3 règles d’or sont : La lenteur, le silence et le contrôle des yeux.

Lenteur

Quels que soient les mouvements effectués, la lenteur doit être de mise à tout instant de la journée, comme si nous vivions au ralenti. Nous demeurons très lents, en effectuant si possible les mouvements l’ un après l’autre, de sorte à pouvoir observer soigneusement chacun d’entre eux dans toute sa durée. Nous devons nous comporter comme un invalide. Ce n’est qu’en restant très lent que nous pouvons demeurer vigilant et développer une bonne concentration permettant une profonde vision intérieure.
Il y a toutefois certaines activités durant lesquelles il n’est pas possible d’être tout à fait lent : la douche, le brossage de dents, la lessive... Durant ces moments, nous essayons simplement d’observer les objets que nous parvenons à percevoir.

Silence

Dans l’entraînement au développement de vipassana, le fait d’avoir des pensées constitue de loin l’obstacle le plus fréquent. Quand on parle, c’est juste des pensées qui sortent de la bouche. Si nous souhaitons progresser dans les meilleures conditions, nous limitons la parole au strict nécessaire : pour les entrevues de méditation et pour les besoins pratiques. Pendant toute la durée de la retraite, nous nous abstenons également de lire, d’écrire, ou d’écouter des bavardages, car ces activités reviennent à briser le silence exactement de la même façon que si nous parlions.

Yeux

Comme indiqué précédemment, la vision constitue la plus grande source de distraction et donc de déviance à l’observation de la réalité. Pour cette raison, nous gardons les yeux fermés autant que possible : sans activité particulière, en étant immobiles, assis, en station debout ou allongé. Nous ouvrons les yeux seulement lorsque c’est nécessaire : en effectuant une activité particulière, en se déplaçant, en mangeant, en balayant...
Chaque fois que nous avons les yeux ouverts, gardons-les constamment dirigés vers le bas, quoi qu’il se passe autour de nous. Le fait de maintenir le regard toujours en direction du sol ou en direction de notre assiette pendant les repas, favorise la vigilance de manière significative.


mardi 16 juillet 2013

Instructions Vipassana -2- Méthode Mahasi Sayadaw

Vipassana –2– Méthode Mahasi Sayadaw

Méthode Mahasi Sayadaw

Dans cet entraînement qui vise à observer ce que nous percevons par nos six sens, l’ensemble des objets physiques et mentaux conviennent. Toutefois, pour développer vipassana le plus efficacement possible, nous observons les objets que nous distinguons le plus clairement. 

Par ailleurs, n’essayons jamais d’observer plus d’un seul objet à la fois ; nous ne ferions que disperser notre attention, ainsi que notre énergie.

Ainsi, si à un moment donné, l’objet le plus clair à notre conscience est une douleur au genou, c’est sur cette sensation douloureuse que nous portons toute notre attention. Si c’est un sentiment de frustration ou de découragement, c’est sur ce sentiment désagréable que nous portons toute notre attention. Si c’est une cloche qui sonne, c’est sur cette sensation auditive que nous portons toute notre attention.

On procède exactement de la même façon qu’il s’agisse d’une sensation de chaleur, d’une sensation de légèreté, de sensations de fourmillements, d’un contact entre la main et quelque chose, d’un mouvement effectué par le bras, d’une sensation provoquée par de l’eau qui coule le long du tube digestif, du goût pimenté d’un plat, du goût sucré d’un fruit, de l’odeur d’un bâton d’encens, d’une sensation de satisfaction, de joie, d’extase, de tristesse, de paresse, d’angoisse ou de n’importe quelle autre type de sensation.

En revanche, ne tenons jamais compte de la vision, car les perceptions visuelles sont des objets très subtils. Le fait d’observer une vision nous ferait trop facilement basculer dans la création de concepts ; nous ne serions alors plus en phase avec la réalité. Quand un objet physique ou mental apparaît clairement, on peut l’observer attentivement, pendant toute sa durée. S’il devient peu clair, ou un peu à l’image d’un bruit de fond, nous cessons d’y prêter attention. Si un autre objet plus distinct à la conscience fait son apparition, c’est lui qui devient alors notre objet d’observation. 

Nous évitons toutefois de concentrer notre attention au-delà de quelques instants sur des sensations demeurant homogènes, car nous risquerions de basculer inconsciemment dans une méditation de type samatha, où les sensations régulières sont automatiquement transformées par notre mental en un support continu et par conséquent artificiel.

À l’aide des explications qui ont été données jusqu’ici, nous disposons de tout ce qui est nécessaire de savoir pour l’établissement de l’attention sur les objets physiques et mentaux, en vue de développer vipassana. Le principe a été donné. Néanmoins, cela ne suffit pas.

Les objets « par défaut »

Dans la vie de tous les jours et depuis fort longtemps, notre mental a tellement l’habitude de bombarder de concepts tout ce qui est en mesure de se présenter à la conscience (à travers les réflexions, les analyses, les projections, les commentaires et autres pensées) que nous ne distinguons jamais les perceptions telles qu’elles sont réellement. En quelque sorte, notre mental  oeuvre continuellement à nous voiler la réalité. De ce fait, nous avons besoin de quelques objets réguliers que nous pourrions suivre un peu comme des balises ; des objets qui puissent nous aider à canaliser facilement notre attention...

Chaque fois que nous expérimentons un objet particulier, c’est-à-dire une forte sensation auditive, tactile, olfactive, gustative, ou une forte émotion, nous l’observons soigneusement. En revanche, n’accordons pas d’importance aux sensations peu ou moyennement perceptibles qui apparaissent à tout moment. Nous les considérons comme un simple « bruit de fond ». Ainsi, s’il n’y a pas d’objet particulier, nous allons focaliser notre attention sur un objet « par défaut ».


Vipassana -1- la vision pénétrante de la réalité

Vipassana -1- la vision pénétrante de la réalité.
Méthode Mahasi Sayadaw de Rangoon (Birmanie)


La réalité, c’est ce que nous percevons à chaque instant à travers nos six sens, c’est-à-dire les cinq sens physiques (les visions, les sons, les sensations tactiles, les goûts et les odeurs) + le sens mental (les états mentaux, les émotions).
La réalité n’est pas : les pensées, les réflexions, les analyses, les jugements ou les rêves. Parce que ces choses ne sont que des concepts ; des créations artificielles du mental.
La vision pénétrante, c’est le fait, pour la conscience, de connaître clairement et directement le processus d’apparition et de disparition des objets physiques et mentaux. Les objets physiques sont ceux que nous expérimentons à travers nos facultés physiques.

Les objets mentaux sont :
1)
ceux que nous expérimentons à travers notre faculté mentale (par exemple : un sentiment de frustration) .
2)
les instants de conscience générés par le contact avec les objets physiques (conscience visuelle, conscience auditive, conscience tactile, conscience gustative et conscience olfactive).

C’est le fait de porter son attention sur ces objets qui permet à la conscience de les connaître pour ce qu’ils sont ; depuis leur apparition jusqu ‘à leur disparition. Afin de développer une compréhension juste de la réalité, il est indispensable de
s’entraîner à multiplier les instants de pleine attention en évitant autant que possible les moments d’égarement. Car c’est en répétant ces instants d’attention aux objets perçus que nous pouvons en approfondir la vision pénétrante ; ce qui bien entendu est parfaitement inaccessible par la connaissance théorique.

Pour 
développer cette vision pénétrante ( ou vision intérieure), nous allons donc simplement porter toute notre attention sur les objets que nous percevons à travers nos six sens. Pour ce faire, nous nous consacrons entièrement mais seulement à deux types d’effort. Ceux-là sont absolument minimes, puisqu’ il s’agit de la forme d’action la plus passive qu’il soit possible d’imaginer.

La grande majorité des
 difficultés rencontrées à demeurer attentif est non pas due au fait que nous ne fournissons pas assez d’efforts, mais précisément au contraire que nous forçons trop, là où il est inutile de forcer. Nous avons facilement tendance à gaspiller beaucoup d’énergie parce que nous n’avons généralement pas l’habitude de demeurer complètement relâché, l’esprit tranquille, patient et vigilant, en se contentant seulement d’observer (mentalement, pas avec les yeux) tout ce qui passe : les perceptions qui apparaissent les unes après les autres à notre conscience, telles qu’elles apparaissent et à l’instant précis où elles apparaissent.

Les 
deux types d’effort minime sont :
1) celui de 
concentrer toute son attention sur l’objet observé
2) celui de 
maintenir la vigilance, afin que l’établissement de l’attention puisse se répéter pendant toute la durée de l’objet observé.

Pour illustrer le processus de
 la vision pénétrante (vipassana), voici un exemple :
un chien (que nous ne voyons pas) aboie. Cet aboiement est avant tout un son et c’est cela qui nous intéresse. Nous nous moquons bien de savoir qu’il est provoqué par un chien. Cependant, il est probable que l’image d’un chien ou le mot « chien » nous traverse l’esprit. Peu importe, laissons passer cela, qui n’est qu’un concept, et par conséquent hors réalité. Si nous suivons ce concept, nous allons nous perdre dans les pensées, nous ne serons donc plus attentifs aux objets expérimentés par la conscience.

Ce son (provoqué par l’aboiement) est un objet matériel existant sous la forme d’ondes véhiculées par l’air et venant frapper le tympan. 
C’est à cause de ce contact qu’apparaît la conscience auditive. Le son lui-même est un objet physique, tandis que la conscience qui en fait l’expérience est un objet mental. Dans ce cas, la vision pénétrante sera effective si l’on donne son attention exclusivement à cet objet auditif, de sorte à permettre à la conscience observatrice de le connaître pleinement pour ce qu’il est réellement. En clair, pour développer la vision pénétrante sur un son, nous fixons toute notre attention sur cette sensation auditive, au moment où elle est perçue et pendant toute sa durée (sauf si elle devient difficilement perceptible).

Ce processus de vision pénétrante est le même avec les objets des autres sens. Ainsi, nous pouvons constater que ce qui importe pour le développement de vipassana, c’est le simple acte de porter son attention sur ce qui est perçu, et en aucun cas l’adoption d’une posture particulière. Cependant, pour des raisons d’équilibre entre la concentration et l’énergie, nous verrons plus loin que notre entraînement au développement de la vision pénétrante est une succession de sessions de marche et de sessions d’assise.



Les 5 moyens de contrôle et l’Attention ( Sati)

Les 5 moyens de contrôle et l’Attention ( Sati)



La méthode de pratique de l'attention a été découverte par le Bouddha. Il l'a pratiquée lui-même, en obtint les meilleurs résultats et pendant 45 ans l'enseigna.

L'attention - Sati - est comme un gardien. Quand le gardien est présent personne ne peut pénétrer. Aussi, tant que l'attention est présente aux portes de nos sens, notre esprit reste pur. Aucun état mental négatif ne peut pénétrer dans notre esprit. Quand nous perdons notre attention et que nous ne sommes plus attentifs, toutes les impuretés mentales s'infiltrent dans notre esprit. Être attentif est la seule façon de garder notre esprit pur, c'est d'ailleurs un des huit facteurs du noble octuple sentier et le seul moyen pour purifier son esprit. 

Il y a l'attention au corps, aux sensations, à la conscience et aux objets. Il y a sept bénéfices à pratiquer l'attention : la purification de l'esprit, surmonter la peine et le chagrin, la disparition des douleurs physiques et mentales, l'entrée sur le bon chemin et la réalisation de Nibbana. 

Il ne peut y avoir deux objets en même temps dans l'esprit. Étant donné qu'il ne peut y avoir qu'un seul objet dans l'esprit, nous pouvons surmonter tout ce qui nous fait souffrir par l'attention, car quand l'attention est présente dans notre esprit, il ne peut y avoir un second objet, c'est-à-dire la colère, la tristesse, l'attachement, etc... 

Quel que soit notre état d'esprit, nous devons lui faire face par l'attention, nous devons essayer d'y être pleinement attentif. Quand l'attention est vraiment forte, qu'elle est fermement établie, tout disparaît. L'attention a la caractéristique de pénétrer l'objet profondément, elle n'est jamais superficielle, elle ne perd pas l'objet de vue, elle ne l'oublie pas. Nous devons être attentifs à chaque objet dans l'instant présent. Nous devons observer ce qui se présente à nous, sans choisir, de façon très énergique pour voir clairement les choses.

Lorsque le Bouddha s'assit sous l'arbre Bodhi pour méditer, il commença par cette très ferme résolution : « même s’il ne reste que ma peau et mes os, que ma chair et mon sang se dessèchent, je n'abandonnerais pas, je ne me lèverai pas jusqu'à ce que j'atteigne l'éveil. Je ferai cet effort jusqu'à ce que j'accomplisse mon but» 

Un tel effort est appelé « l'effort juste », il signifie un effort intense, c'est l'un des huit facteurs du noble octuple sentier. L'effort est nécessaire pour supprimer les attitudes mentales malsaines et cultiver celles qui sont saines. Pour développer les attitudes mentales saines, nous avons besoin d'effort, d'un réel et puissant effort qui brûle les impuretés. 

Quand un méditant se concentre sur la respiration par exemple, il voit le souffle clairement. Il distingue l'inspiration de l'expiration ; il voit le souffle naître et disparaître et s'aperçoit qu'il n'y a en fait que le souffle et la conscience du souffle, et rien d'autre que l'on pourrait qualifier de personne ou d'individu. Une telle compréhension est appelée « claire compréhension ». Lorsque nous avons une claire compréhension au sujet de quelque chose, nous connaissons cette chose et tous ses aspects. 

Selon l'enseignement du Bouddha, il n'y a en réalité que la chose observée et l'esprit qui observe, et personne d'autre appelé une personne ou un individu, un homme ou une femme. Voir les choses de cette façon se nomme la claire compréhension qui n'apparaît pas au début, mais avec l'expérience et la concentration.

Qu'est-ce que la concentration ? La concentration est un état mental ou un facteur mental qui maintient l'esprit parfaitement fixé sur l'objet, sans le laisser s'échapper vers d'autres objets. La concentration est essentielle pour que la claire compréhension apparaisse. Sans concentration nous ne pouvons espérer voir clairement les choses, ni obtenir la claire compréhension. 
Quand nous sommes concentrés, notre esprit se calme et nous pouvons voir les choses. C'est comme l'eau, s’il  y a de la saleté ou de la boue dans l'eau, nous ne pouvons voir au travers de l'eau, mais quand la saleté ou la boue s'estompent, l'eau devient claire et nous pouvons voir à travers. L'esprit a besoin d'être comme l'eau, tranquille, surtout qu'il y a beaucoup d'impuretés dans notre esprit.

Aussi longtemps que nos esprits seront contaminés par les impuretés mentales, nous ne pourrons pas voir les choses clairement. Nous devons éradiquer les souillures mentales, qui sont des empêchements pour voir clairement. Grâce à la concentration, nous serons capables de surmonter ces empêchements, notre esprit deviendra clair et la claire compréhension ainsi que la connaissance apparaîtront.

Pour cela nous devons faire des efforts. L'effort engendre l'attention. L'attention entraîne la concentration et la concentration mène à la claire compréhension, à la sagesse. 
Il nous faut donc quatre facteurs mentaux : l'énergie, l'attention, la concentration et la claire compréhension ou sagesse. La foi est aussi très importante parce que si nous n'avons pas confiance dans le Bouddha et ses enseignements, nous ne pratiquerons pas. Ce sont les cinq composants de la pratique qui doivent être présents et oeuvrer ensemble harmonieusement.

L'effort et la concentration doivent être équilibrés, s’il y a un excès de l'un des deux, notre méditation ne sera pas bonne. Parfois nous pouvons faire trop d'efforts parce que nous voulons atteindre un but, réaliser quelque chose et nous devenons avides et faisons plus d'efforts, ce qui a pour conséquence l'agitation, la nervosité et la perte de la concentration. Trop d'efforts n'est pas bénéfique, mais pas assez d'efforts non plus car la somnolence et la paresse apparaîtront et nous ne pourrons ni nous concentrer ni pratiquer. L'effort doit être équilibré, ni trop, ni trop peu. 

Il en est de même pour la concentration, si nous sommes trop concentrés nous aurons tendance à relâcher nos efforts, à devenir paresseux ou somnolent. Dans ce cas, il nous faudra augmenter notre effort, avoir une attention plus précise ou noter plus d'objets. Par conséquent, l'effort et la concentration doivent aller de pair pour progresser dans la méditation et obtenir la claire compréhension. 

Les cinq facteurs mentaux doivent fonctionner simultanément et harmonieusement
La méditation est comme une machine. Il y a différentes parties composant la machine et chacune des parties doit fonctionner correctement. Si l'une des parties ne fonctionne pas correctement toute la machine est en panne. 

De la même façon, si un des facteurs mentaux ne fonctionne pas bien, toute la méditation est perturbée, ou si un facteur mental est excessif, les autres facteurs mentaux ne peuvent pas fonctionner correctement et la méditation est mauvaise. C'est pourquoi chacun des cinq facteurs mentaux doit oeuvrer correctement et être en harmonie avec les autres. 

L'attention, elle, est un facteur mental qui régule les cinq autres facteurs mentaux. Elle aide à équilibrer l'effort et la concentration pour qu'ils ne soient pas excessifs. L'attention est toujours requise, il ne peut jamais y avoir trop d'attention. Elle doit toujours être forte, est nécessaire partout, tout le temps et est très importante. Elle protège, en outre, l'esprit contre l'agitation et la somnolence et harmonise les cinq autres facteurs mentaux. 

Quand ces cinq facteurs mentaux sont équilibrés et que le méditant voit clairement les choses, que se passe-t-il ?

Il surmonte le désir, l'avidité et l'attachement, ainsi que la colère et l'aversion. Quand nous expérimentons quelque chose, si par exemple nous voyons quelque chose, nous pouvons nous y attacher, trouver cette chose bonne, belle, ou bien nous pouvons la haïr, la trouver laide, répugnante et ces impuretés mentales pénètrent dans notre esprit. Pour les en empêcher, nous devons utiliser une protection et cette protection est l'attention. 

Quand nous sommes attentifs, les impuretés n'ont aucune chance de pénétrer dans l'esprit, de plus nous voyons les choses telles qu'elles sont avec leur caractère impermanent, ce qui nous évite de nous y attacher. Nous pouvons ainsi éviter le désir, l'attachement ainsi que la haine et l'aversion. 

Si nous ne sommes pas attentifs, nous allons sûrement, à un moment ou à un autre, nous mettre en colère où nous attacher à quelque chose. En étant attentif, nous pourrons empêcher la colère et l'attachement de naître dans notre esprit. 

L'attention doit toujours être présente. Si elle est intense, nous ferons de rapides progrès et pourrons voir la véritable nature des choses : l'impermanence, la souffrance et l'absence de soi propre. 

Voir ces trois caractéristiques est l'essence de Vipassana
Pour cela nous devons observer ce qui se présente, de façon neutre, sans rien omettre, enlever ou ajouter, sans penser, réfléchir, analyser, spéculer, commenter ou juger : il est bon, laid, j'aime, c'est plaisant. Sinon nous ne voyons pas la réalité telle qu'elle est et nous continuons à nous attacher, nous réagissons et cela nous conduit à commettre des bonnes et des mauvaises actions qui créent les conditions pour notre renaissance future. 

Nous prolongeons donc le Samsara et la ronde des naissances et des morts successives. Nous voulons échapper au Samsara, mais si nous n'observons pas avec l'attention, Sati, les objets du présent, nous créons encore du kamma et prolongeons le Samsara et de ce fait la souffrance. 

Par contre, quand nous sommes attentifs, nous ne nous attachons pas, nous ne réagissons pas, nous ne créons pas de nouveau kamma et diminuons notre Samsara, c'est-à-dire notre souffrance. Nous voyons aussi que les choses sont impermanentes, empreintes de souffrance, sans soi et que l'on ne peut rien contrôler. À chaque moment d'attention nous stoppons le flot des naissances et des morts, le Samsara.

Source : Extraits de discours du Vénérable U Silananda, traduits par Vipassanasangha


Les 5 obstacles à la méditation.

Les entraves à la méditation- les 5 nivaranas.

Quelle que soit notre méditation —samatha ou vipassana—, nous pouvons rencontrer différentes entraves, qui parfois la gênent, voire souvent la paralysent complètement. Ce sont les nivarana. Classées en cinq catégories, aucune de ces entraves n’épargne le débutant. Elles persistent même chez les méditants avancés, mais d’une façon amoindrie toutefois.

Les 5 nivaranas ne peuvent être complètement écartés qu'au 1er jhāna, au minimum. On peut toutefois parler de nivarana «grossiers» pouvant être surpassés avant dans la méditation, mais il demeure encore des nivarana «subtils».

Nous ne progressons dans la méditation que lorsque nous parvenons à surpasser ces nivarana. C’est pourquoi il est capital de bien apprendre à les reconnaître et à les éviter. Tant que demeurent les kilesa, même après avoir échappé à une ou plusieurs de ces entraves, elles peuvent nous enchaîner de nouveau et à tout moment. Mieux nous les connaîtrons et moins nous nous ferons piéger. C’est un peu comme les serpents. Mieux nous les connaissons et moins nous nous faisons piquer, même si le risque demeure. Et si ces serpents, ces obstacles, ne nous «piquent» plus autant, ce n’est pas parce qu’ils sont plus cléments, mais bien parce que nous sommes attentifs aux signes d’attaque et plus habiles à esquiver leurs «morsures».

Tout ce qui peut constituer d’une façon ou d’une autre un empêchement à la méditation, entre dans l’un de ces cinq nivarana. En étudiant ce groupe des cinq, nous constatons qu’il s’agit exclusivement d’obstacles intérieurs, c’est-à-dire mentaux. Mais alors, les «attaques» externes comme le bruit ou la chaleur ne seraient-elles pas considérées comme des obstacles? En réalité, elles ne sont considérées comme des obstacles qu’à partir du moment où on les «laisse entrer» à l’intérieur. Quand il y a du bruit ou de la chaleur, nous sommes entravés dans notre pratique uniquement si nous y prêtons attention et que notre esprit s’irrite ou espère un état plus silencieux, plus frais, etc.

Une profonde concentration permet d’ignorer totalement les attaques externes. Toutefois, c’est beaucoup plus délicat à gérer avec une concentration moindre. Dans ce cas, avant de se soucier des causes internes des cinq entraves, il convient de veiller à trouver les conditions où les risques de causes externes sont les plus faibles possible. Nous choisirons donc pour méditer un lieu ni trop chaud ni trop froid, relativement calme et tranquille, sans excès d’éclairage, sans difficultés pour obtenir sa nourriture, et loin de tout ce qui suscite plaisirs et attachements.
Une fois que nous bénéficions de conditions convenables pour notre méditation, dès la toute première minute de pratique, nous verrons combien toute la difficulté réside dans les 5 entraves…

Les 5 nivaranas
Nom
Analogie avec l’eau
Contraire
1
kamacchanda
Le désir sensoriel
Eau
teintée
sukha
Le bonheur
2
byapada
Le mécontentement
Eau
en ébulition
piti
La joie
3
thina middha
La paresse et la torpeur
Eau
gelée
vicara
L’application soutenue
4
uddhacca kukkucca
L’agitation mentale et les remords
Eau
balayée par le vent
ekkagata
La concentration de l’esprit en un seul point
5
vicikiccha
Le doute
Eau
trouble
vitakka
La prise ferme

Il est généralement question de «cinq» entraves, mais on parle parfois aussi de «six» entraves. La 6e est avijja. C’est la méconnaissance des 4 Nobles Vérités.

  

La métaphore du désir sensoriel : On ne peut pas voir à travers une eau teintée.

Le désir sensoriel (kamacchanda)

Comment reconnaître kamacchanda? Quelle que soit la sensation que nous pouvons ressentir, ne serait-ce qu’un bref instant, qu’il ne s’agisse que d’une petite réflexion, aussitôt qu’elle est plaisante, kamacchanda, le désir sensoriel, est là.
Le contraire de kamacchanda. Lorsque le désir sensoriel est totalement absent, apparaît sukha, le bonheur. C’est le quatrième des cinq facteurs du 1er jhana. L’esprit goûte au bien-être procuré par sa capacité à demeurer paisiblement sur son objet.
La cause de kamacchanda. Qu’il s’agisse de visions, de sons, de touchers, de goûts, d’odeurs ou de pensées, dès lors qu’il s’agit de sensations agréables, notre esprit s’y colle, s’y complait et s’y attache fortement. En raison de ces sensations qui peuvent surgir à tout moment, apparaît le désir pour ces sensations, pour qu’elles durent.
L’antidote de kāmacchanda. Favoriser le développement de la concentration par rapport à celui de l’énergie, notamment en prolongeant le temps d’assise. Se déterminer à rester concentré uniquement sur son objet de méditation quoiqu’il arrive. S’intéresser sincèrement à l’objet de méditation.
Développer asubha : la contemplation sur l’aspect déplaisant du corps.
Équilibrer les 5 indriya, c’est-à-dire les cinq facultés de contrôle.



La métaphore du mécontentement : On ne peut pas voir à travers une eau en ébullition.

Le mécontentement (byapada)

Comment reconnaître byapada? Au moindre sentiment d’irritation, de dépréciation, de rejet, de colère ou de haine, il s’agit de byapada. Byapada peut être engendré par la moindre pensée d’insatisfaction et peut concerner des choses lointaines dans le passé.
Le contraire de byapada. Lorsque le mécontentement est totalement absent, apparaît pīti, la joie. C’est le troisième des cinq facteurs du 1er jhāna. L’esprit est intéressé à son objet.
La cause de byapada. Lorsque notre esprit évoque des choses véhiculant un sentiment de discorde, comme des différents avec d’autres personnes, ou qu’il refuse une situation inconfortable, comme la chaleur ou les insectes harcelants, byapada apparaît.
L’antidote de byapada. Accepter l’idée que l’unique responsable de notre mécontentement est nous-même. Penser à tout ce que le Bouddha a dû endurer pendant de si nombreuses vies pour pouvoir nous donner tout défricher le précieux chemin du Dhamma.
Développer metta bhavana : la méditation sur la bienveillance.
Équilibrer les 5 indriya, c’est-à-dire les cinq facultés de contrôle.



La métaphore de la paresse et la torpeur : On ne peut pas voir à travers une eau gelée.

La paresse et la torpeur (thina middha)

Comment reconnaître thina middha? Quand nous ne parvenons plus à rester correctement sur notre objet de méditation, que notre concentration «glisse» continuellement, que notre énergie et notre attention sont brouillées ou éteintes, c’est thina middha.
Le contraire de thina middha. Lorsque la paresse et la torpeur sont totalement absentes, apparaît vicara, l’application soutenue. C’est le quatrième des cinq facteurs du 1er jhana. L’esprit reste sur son objet.
La cause de thina middha. Il y a paresse ou torpeur dès que l’esprit n’a plus pour intérêt principal l’objet de méditation et que l’énergie baisse.
L’antidote de thina middha. Favoriser le développement de l’énergie (par exemple, en réduisant le temps d’assise et en marchant plus). Stimuler physiquement le corps : regarder quelques instants une source lumineuse, se mettre de l’eau froide sur le visage, effectuer quelques étirements, méditer debout.. S’intéresser sincèrement à l’objet de méditation.
Développer marananussati : la considération attentive sur le caractère inévitable de la mort. Équilibrer les 5 indriya, c’est-à-dire les cinq facultés de contrôle.



La métaphore de l’agitation mentale et les remords : On ne peut pas voir à travers une eau balayée par le vent.

L’agitation mentale et les remords (uddhacca kukkucca)

Comment reconnaître uddhacca kukkucca? Quand l’esprit n’est pas tranquille, qu’il se sent inquiet ou perturbé —ne serait-ce par un petit détail—, il y a agitation mentale. Quand l’esprit ressasse des actes qu’il regrette, il y a remords. Dans les deux cas, il est incapable de rester fixé sur un seul objet. Nous nous accrochons à ces pensées inconfortables, avec le sentiment que nous ne pouvons pas continuer notre méditation tant que le problème à l’origine de l’agitation mentale ou du remord ne sera pas réglé.
Le contraire de uddhacca kukkucca. Lorsque l’agitation mentale et les remords sont totalement absents, apparaît ekkagata, la concentration de l’esprit en un seul point. C’est le cinquième des cinq facteurs du 1er jhana. L’esprit est totalement unifié à son objet.
La cause de uddhacca kukkucca. Tant que l’esprit n’est pas bien centré sur son objet de méditation, il peut ressentir de l’ennui. Ainsi, il ne manque aucune occasion pour se divertir. Et quand il n’y a rien, que nous sommes immobiles les yeux fermés dans le silence, les moindres pensées, inconforts, inquiétudes, réflexions, souvenirs, culpabilités, sentiments et sensations sont comme autant de «chaînes de télévision» dans lesquelles nous nous absorbons de manière insatiable, même quand c’est désagréable. On adore parler de ses problèmes!
Si on laisse une seule fourmi apercevoir un cake, elle invite toute la fourmilière. De la même façon, quand nous commençons à «écouter» un de nos problèmes, même insignifiant, nous invitons toute la «fourmilière» d’uddhacca kukkucca : une myriade d’inquiétudes en tout genre. Cet état d’agitation intérieure peut même provoquer des démangeaisons physiques.
Si nous ne soignons pas bien la qualité de nos actes, cela engendrera des remords apparaissant pendant la méditation. Les états où l’activité mentale est relativement calme constituent un terrain très propice à la remontée en surface des regrets et culpabilités liés aux méconduites de toutes sortes, même très anciennes. C’est pourquoi il importe d’entretenir constamment une conduite vertueuse et aussi irréprochable que possible. Sans une vertu pure, la méditation ne restera qu’un champ d’obstacles.
L’antidote de uddhacca kukkucca. Entretenir continuellement un comportement vertueux à la fois physiquement et mentalement, même quand on ne médite pas. Renoncer à nourrir un sentiment d’agitation mentale ou un remord, quels qu’ils soient et de quelle façon que ce soit. Se rappeler que l’esprit est ravi de saisir n’importe quelle occasion pour se divertir, même des sentiments désagréables. Se déterminer à ne pas bouger du tout. Physique ou mentale, toute gêne, inquiétude ou inconfort finit par disparaître, à condition de l’ignorer.
Équilibrer les 5 indriyas, c’est-à-dire les cinq facultés de contrôle.



La métaphore du doute : On ne peut pas voir à travers une eau trouble.

Le doute (vicikiccha)

Comment reconnaître vicikiccha ? Si le cheminement que nous suivons semble se compliquer, que notre perception des choses perd de sa clarté, la confusion s’installe et nous n’arrivons plus à avancer ou pire : nous ne voulons plus poursuivre. L’esprit embrouillé, nous pouvons commencer à douter, non seulement de nos capacités, mais aussi de notre guide, de la méthode enseignée, de la méditation en général, de Bouddha ou du Dhamma.
Le contraire de vicikiccha. Lorsque le doute est totalement absent, apparaît vitakka, la prise ferme. C’est le premier des cinq facteurs du 1er jhana. L’esprit se saisit de son objet. D’une certaine façon, le doute a pour contraire la confiance, mais une fois celle-ci parfaitement établie, elle correspond inévitablement à une ferme saisie de l’objet.
La cause de vicikiccha. Les principaux artisans du doute sont le découragement, «Je n’y arrive plus. Je ne sais plus comment m’y prendre…» et le scepticisme, «C’est impossible. Je n’ai jamais vu ça…». Naturellement, des informations erronées, contradictoires ou mal interprétées peuvent y contribuer. Le doute est un sentiment de blocage qui paralyse tout souhait d’effort dans la pratique. Notre tendance naturelle est d’employer la réflexion pour y remédier, mais celle-ci ne peut au mieux que masquer temporairement le doute car elle se base sur des pensées, donc sur des concepts.
L’antidote de vicikiccha. Pratiquer les préceptes, la concentration et l’attention. Seul l’exercice de la vertu, de la concentration et de l’attention est en mesure d’anéantir peu à peu le doute. Comprendre ce qui est pratiqué en se renseignant convenablement auprès d’individus compétents et inspirant la confiance.
Développer buddhanussati : la considération des qualités de Bouddha.
Équilibrer les 5 indriya, c’est-à-dire les cinq facultés de contrôle.